Comme souvent, lorsqu'une BD est excellente mais épuisée, l'éditeur a la brillante idée de la réediter. C'est une très bonne surprise que l'on a eu cet après-midi en ouvrant le carton du fournisseur. Tout simplement parce qu'on imagine mal le travail que demande une telle introspection intime à son auteur. Et aussi parce qu'on est tellement reconnaissant qu'il fasse cette introspection!

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  Monsters, c'est l'histoire d'une longue descente en enfer d'un jeune homme, Gabby Schulz (Alias Ken Dahl), qui croit voir tout son être condamné et banni du commun des mortels "sains" (oui, il finit par se voir comme une grosse bactérie contagieuse et ambulante) parce qu'il a contracté un herpès buccal. A ce moment là, ce virus est reponsable de tous ses maux : il perd sa copine, sa vie sociale est devenue quasi inexistante, et n'évoquons point ses vaines tentatives de drague.

 

  Ken Dahl va ainsi traîner ce boulet purulent pendant près de deux ans, jusqu'à se pourrir la vie et se couper du monde pour éviter d'infecter ses pairs. Sa perception du virus est tantôt alimentée par ses congénères qui évoquent des légendes urbaines, tantôt par sa paranoïa devenue sans limites... Pourtant, il cherche, s'informe, s'instruit sur la maladie, pour finalement, sans s'en rendre compte, ne voir uniquement les pires côtés de la chose.

 

Une bande dessinée très instructive, car l'auteur nous explique de long en large les tenant et aboutissants du virus. Subtilement, sans se victimiser, il dresse une critique du système de santé américain. Pas d'argent, pas d'assurance sociale, pas de médicaments, pas de remboursements. Alors le seul moment où il peut voir un médecin, il n'a d'autre choix que de se fier à son unique diagnostique. Sauf que souvent, plusieurs avis professionnels sont nécéssaires pour être sûr et commencer à s'inquiéter... Ou pas.

 

  Je ne vous en dis pas plus, cette BD nous a bien plu. Je vous invite à la découvrir, parce qu'elle en vaut vraiment la peine. Parce qu'elle est chouette. Parce que dans la nouvelle édition, la BD contient ET un poster, ET une postface de l'auteur.