HEY ! N17, MODERN ART & POP CULTURE

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Description
Extrait

MASAO KINOSHITA

«J'ai grandi au Japon dans une région montagneuse, éloignée des zones urbaines, couverte de forêts et où coulaient des rivières. Cet environnement est une des grandes influences de mon travail artistique d'aujourd'hui. Enfant, je pouvais tous les jours ressentir les rythmes naturels de la Terre, observer les mouvements des petits animaux, écouter le souffle des arbres. Par ailleurs, mes parents avaient trouvé un emploi d'appoint dans l'agriculture, et le travail physique que je faisais pour les aider a aussi influencé mon art. D'un autre côté, j'adorais tout particulièrement les héros musclés comme dans Fist of the North Star, avec Sylvester Stallone et Arnold Schwarzenegger, et je les dessinais souvent à partir de photographies. Comme tous les gamins japonais, j'ai aussi été complètement absorbé par les dessins animés et les mangas à mon adolescence. Je fus un grand fan de Monsieur Kunio Okawara - le mechanical designer de la série Gundam -, c'est pourquoi je voulais aussi au début en devenir un (le mechanical designer ou concepteur de mecha est un mangaka qui dessine des robots, vaisseaux et machines intelligents et transformables, N.D.L.R.). Je crois que la forme attractive de ses robots a agi sur mon travail de façon significative, de la même façon qu'une «basse continue».

Après avoir entamé mes études aux Beaux-Arts, et étudié l'histoire de l'art, j'ai réalisé que l'expression artistique idéale pour moi ne doit impliquer ni message, ni information, ni contenu. Je n'ai donc jamais souhaité que mon art implique ces trois éléments. Pour cela, j'essaie toujours et autant que possible d'éviter que ne s'introduise dans mes oeuvres une intention originelle. En choisissant pour sujets de mes sculptures des personnages aussi célèbres que ceux qui habitent des mythes, je décide de creuser, d'approfondir une image commune à tous. Et j'en suis venu à penser que le médium de la sculpture me convenait parfaitement pour exprimer cela car elle demande d'appréhender l'espace en trois dimensions, et le «sentiment inconscient» que vous y injectez a un sens très fort. Alors que le travail en deux dimensions est un pur produit de la conscience, celui en trois dimensions n'est pas lié à la conscience de l'homme. Ces trois dimensions existent tel un état premier, c'est la façon dont nous percevons le monde naturellement. Mais, bien que je m'efforce d'éviter de mettre dans mon travail des éléments conscients - message, information, contenu -, je ne peux pas atteindre ce but consciemment. La seule façon pour moi d'éliminer ces trois choses est d'être dépendant d'un élan inconscient de mon corps car, quand je suis conscient de mon travail, les contenus sont produits automatiquement. Voilà pourquoi j'essaie de continuer de pratiquer un travail physique tous les jours, à l'image d'un travail agricole, ou bien m'occuper des arbres. Cela me permet d'éviter l'impression que mon corps ne stagne. C'est comme l'entraînement de base d'un joueur de haut niveau. C'est pour cela que la sculpture me convient : dans mon enfance, j'aimais le travail brut, comme dans l'agriculture. Pour faire de la sculpture, je dois introduire quotidiennement des types de mouvements physiques autres qu'artistiques.

Mon travail est principalement fait en FRP [fibre-reinforced plastic, N.D.L.R.), un matériel finalement très commun en sculpture. Le processus de travail est, avant tout, la fabrication d'un prototype en argile, puis le moulage. Ensuite, je positionne le FRP sur le moule en plâtre, et je termine la pièce à la peinture à l'huile et au crayon de couleur. Puis, j'ai besoin de polir la surface avec, entre autres, une lime. En polissant, je peux ainsi éliminer les différentes courbes non désirées mais générées au moment du prototype en argile, et ainsi essayer d'atteindre la forme voulue. Dans la lignée de la tradition japonaise du ukiyo-e, je pense que je pourrais améliorer ma technique en m'exerçant à contenir une forme indéfinie dans un contour. À l'inverse, j'envisage aussi désormais d'utiliser cette technique pour rassembler des formes définies à l'intérieur de lignes ambiguës. Les sculptures japonaises modernes et contemporaines sont profondément influencées par les sculptures européennes modernes, notamment le travail de Rodin. Quand j'étudiais la sculpture à l'université, je m'y suis moi-même également assez référé. J'aimais particulièrement Aristide Maillol, et j'ai beaucoup appliqué sa technique d'élimination à la surface des courbes non désirées, afin de simplifier la forme de mon travail. Dans la mesure où j'aime un art conventionnel, qui peut pénétrer le coeur de façon non provocatrice, plutôt qu'un art iconoclaste ou avant-gardiste, ma quête reste, en quelque sorte, classique... même si le travail que je fais n'est, au final, pas si orthodoxe.»

Propos recueillis par Anne & Julien

Masao Kinoshita vit et travaille à Tokyo (Japon).
Détails du produit
9782359104899

Fiche technique

Auteur(s)
Série
Parution
13/03/14
Éditeur
Collection